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DE LA SICILE.

lorsque des canards firent aussi leur entrée dans ce cloaque infect. Les femmes d’Alcamo ont conservé une portion du costume moresque ; elles s’enveloppent, comme les femmes turques, dans un large manteau noir : il est de soie chez les riches, de serge chez les pauvres ; elles le croisent sur la figure : enfin je me croyais encore en Syrie. Cette ville est construite sur le sommet d’une colline, à trente milles de Palerme, trois milles de la mer et neuf milles de Ségeste. Alcamo renferme un grand nombre de couvens d’hommes et de femmes. Rien n’est plus propre, n’est plus parfumé, que les églises des religieuses de ce pays. Ces bonnes sœurs brodent de petits coussins de velours, à l’usage des religieux qui viennent écouter leur confession. Je recommande aux amateurs de peinture un beau tableau de frà Angelo di Fiesole, qui décore un autel de l’église des Zoccolanti.

Nous fûmes fort bien logés à Alcamo dans le palais Pastore, grâce aux bontés de Mme  la princesse de Paterno ; mais je quittai sans regret ce lieu pour aller chercher les ruines de Ségeste. Le pays qui les sépare est des plus sauvages. Après avoir gravi des collines pierreuses, des-