Page:Forneret - Lettre à M. Victor Hugo, 1851.djvu/5

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Il faut donc conclure de là que quiconque ne crie pas : Vive l’abolition de la peine mort ! a le cœur absent et que hors du sang qui ne coule pas pour avoir fait couler un autre sang que le sien, il n’y a pas de salut. On conviendra au moins qu’il y avait cent locutions à employer en pareille circonstance, avant de se servir des mots dont nous venons de donner la reproduction.

En dehors des hommes ordinaires, à qui néanmoins l’intelligence et l’âme ne font pas défaut, les célébrités artistiques, littéraires et philosophiques se sont préoccupées et se préoccupent toujours sérieusement de la peine irréparable.

Celles qui sont contre, sont nobles.

Celles qui sont pour, sont sages.

Mais qui oserait dire que Sagesse ne vaut pas mieux que Noblesse ?

Mais pourquoi — contre – est-ce noble ?

Et pourquoi – pour – est-ce sage ?

Il y a, sur cette matière, à s’étendre longuement, à créer ou plutôt à écrire encore des volumes, nous en convenons ; nous sentons toute la fécondité de phrases que peut avoir une telle idée, quand bien même nous ne pourrions être le père de cette fécondité mais, d’un autre côté, nous savons aussi que quelques lignes, qui résument, quelquefois des livres entiers, sont lues par un grand nombre, ainsi qu’une modeste lumière qui luit pour tous, tandis que le chiffre énorme des pages d’un livre est souvent la barrière qui empêche de l’ouvrir.

Exprimons donc librement, consciencieusement et sur-