Page:Forneret - Ombres de poésie, 1860.djvu/33

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« Les oiseaux voltigeant chantant leur mélodie
« Et du Cœur lorsqu’il aime, et de l’Âme qui prie !
« Je parle allant partout, caressant le bonheur,
« Et rien ne me répond que la voix du malheur…
« Car je me sais coupable, et sur ma conscience
« S’étend le voile épais d’une horrible souffrance…
« Car j’ai commis un crime, et, la preuve manquant,
« Je suis réputé pur ainsi qu’un innocent.
« Mais la punition de la Faute sur terre,
« Et qu’inflige la loi, n’est pas la plus amère.
« Il faut sentir le fiel qu’apporte l’examen
« De soi-même, flétri par un brûlant venin…
« il faut passer des nuits, regardant sa victime
« Échevelée et pâle, et sanglante, et sublime
« De supplications, de douleur… à genoux…
« Et puis se rappeler qu’on frappait de grands coups,
« Sans pitié, comme un tigre assouvissant sa rage,
« Avec tout le sang-froid de ce lâche courage
« De l’Assassin maudit !… — Et l’on comprend alors
« La glace et les sueurs de l’Esprit et du Corps…
« On comprend les frissons, l’angoisse, la torture
« Qui s’aiguisent en nous pour creuser la figure…
« Y marquer à jamais l’empreinte du Damné
« Qui s’est au feu d’enfer lui-même condamné.