Page:Forneret - Ombres de poésie, 1860.djvu/34

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« En protestant toujours qu’il n’était point coupable,
« il s’est fait pour chaque heure une vie exécrable ;
« Car, d’abord, les vrais murs d’une affreuse prison
« Sont construits de remords, le plus subtil poison ;
« Et, pour en souffrir moins, on doit subir sa peine,
« Que le Criminel rive avec force sa chaîne,
« Quelque douceur est là !… Ne songe-t-il donc pas
« Au bruit lugubre et sûr de ce prompt coutelas
« Qui sépare peut-être une pensée avide
« De sagesse et de bien, — et la roule livide
« Aux pieds de qui l’aimait ?… Voir Innocent, Bourreau
« L’un à l’autre accolés comme fer et fourreau,
« Se peut-il que le Ciel, d’indulgente justice,
« Sous charge de la croix d’un semblable supplice !…
« Oh ! c’est vrai : je suis libre et de jour et de nuit ;
« Mais si l’Homme a parlé, mon Dieu ne m’a rien dit. »


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