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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/104

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les mystères de montréal

Charles fit sauter le bouchon et les deux amis se servirent.

— Comment le trouves-tu ? demanda le marchand.

— Excellent ! excellent ! répondit Antoine. Ce n’est pas souvent qu’on en trouve de cette qualité à Saint-Denis.

— Tu as raison ; je l’ai fait venir de la ville et j’en avais demandé du meilleur.

— On ne t’a point trompé.

On continua la conversation entretenant l’entrain par un petit verre. Charles ne voulait pas enivrer celui dont il avait l’intention de faire son complice, mais seulement se l’attacher en lui faisant plaisir.

Il était dix heures quand Antoine parla de partir. Il invita son ami et promit de revenir.

Il était très gai et le traître, rentré dans le magasin, l’entendit s’éloigner en chantant :

Buvons, mes chers amis, buvons ;
Ne perdons jamais la raison :
Gardons la mémoire ;
Il faut toujours savoir boire.
Puisqu’on boit rarement dans ce pays-là,
Je me suis versé un verre bien ras.

Si je viens qu’à aller dans l’enfer,
Je m’attaquerai à Lucifer
Et à grand coup de sabre
Je crois qu’à ce grand diable
Je montrerai à faire son devoir
En buvant du matin jusqu’au soir.