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les mystères de montréal

Si je viens qu’à aller dans les cieux
J’aurai-t-un grand compte à rendre à Dieu.
Avec les bons anges
Chantant ses louanges,
Je lui ferai voir si je fais mon devoir
En buvant du matin jusqu’au soir.


Depuis ce jour les relations des deux jeunes gens furent de plus en plus amicales.

À la campagne c’est la coutume, tous les dimanches, d’aller veiller. Il est petit le nombre de ceux qui passent le dimanche soir sous le toit paternel. On flétri du nom de vieux garçon celui qui montre trop de goût pour la vie au coin du feu, seul avec sa pipe. Et quand l’occasion s’en présente on ne manque pas de le faire étriver.

Au sortir des vêpres ceux qui ont des voitures attellent et ceux qui n’en ont pas font de la diplomatie. C’est alors qu’on fait les yeux doux aux amis. On va jusqu’à sept dans la même voiture ; jusqu’à trois sur le même siège. On est pressé mais qu’importe, on se rend et la veillée n’en est que plus belle.

Depuis l’automne de mil huit cent trente-sept, Antoine Martel était du nombre des jeunesses qui n’avaient pas de voitures. À son grand regret son père avait tout vendu pour se tirer de la misère dans laquelle il s’était trouvé après le passage des Habits-Rouges. Il espérait néanmoins acheter un autre cheval avant le printemps prochain.