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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/109

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les mystères de montréal

— Voler les lettres ! s’exclama le fils du maître de poste.

— Il y a voler et voler, répondit nerveusement Charles Gagnon. Dans tous les cas tu rendrais un grand service à Jeanne. Elle est fiancée à Paul Turcotte mais elle ne l’aime pas et voudrait le voir mort. Cependant comme c’est une fille d’honneur, elle ne veut pas se marier avec un autre, tant que le patriote vivra, dût-il vivre à mille lieues toute sa vie…

— Vraiment tu me surprends, je croyais que tu ne pensais plus à Jeanne.

— Ah ! Antoine, si tu savais tous les efforts que je fais pour cacher cet amour !… L’image de Jeanne est continuellement devant moi ! Et je suis toujours sur le point de prononcer son nom…

Le traître parlait avec passion et son regard s’illuminait. Antoine le regardait avec surprise.

Mais bientôt le démon de l’argent l’assaillit. Il aimait l’argent, surtout aujourd’hui qu’il en avait besoin. Le jeune marchand lui en offrait mais c’était à une condition si dangereuse qu’il se demandait s’il devait accepter.

Il réfléchissait. Sa conscience et la crainte de la prison, du déshonneur le retenaient, l’empêchaient de dire : oui.

— Ce que tu me demandes est trop dangereux et même impossible, répondit-il. J’aimerais bien à te faire plaisir…