Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
108
les mystères de montréal

— Sans intérêts… Vrai ?

— Oui, mais à une condition cependant.

— Laquelle ?

— Elle est bien facile à remplir.

— Dis-la donc : nous ferons peut-être des marchés.

Le traître ne fit pas son offre criminelle immédiatement : il hésita. Il mit son cheval au pas, alluma sa pipe pour se donner de la contenance, et alors seulement il parla.

— Eh bien, écoute, Antoine, dit-il, je vais te parler franchement : nous sommes amis et ce qui se dit entre tous deux ne doit pas aller plus loin. Moi aussi j’aime, et quand je te vois si heureux auprès d’Ameline Lanctôt, je ne suis que plus malheureux.

La voix du traitre était devenue tremblante et il paraissait sous le coup d’une puissante émotion.

— J’ai un rival, continua-t-il ; il s’est mal conduit envers moi. Il m’a enlevé l’amour d’une jeune fille que j’aimais plus que moi-même… Je veux parler de Jeanne Duval : tu me comprends ?…

— Je comprends, répondit Antoine.

— Elle ne devrait pas être fiancée à Paul Turcotte… Veux-tu m’aider à le supplanter ?

— T’aider ?… Comment le puis-je ?…

— Tu le peux facilement.

— Mais je ne vois pas.

Le traitre balbutia en s’approchant de Martel :

— Tu peux interrompre la correspondance…