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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/137

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les mystères de montréal

On répondit :

— Oui ! Oui ! Au plus vite !

Deux matelots s’élancèrent dans les haubans d’artimon et attachèrent à la grande vergue une corde longue de trente pieds qui se terminait en nœud coulant. Ils dressèrent en outre un échafaud non solide qui basculerait au premier mouvement du condamné à mort.

Cinq heures avaient sonné depuis vingt minutes au marché public de San-Juan, quand Blackador fit son apparition sur le pont du Marie-Céleste.

Il était pâle, mais marchait d’un pas ferme. Jusqu’à la dernière minute, jusqu’à la dernière seconde, il espérait être délivré par les siens.

Un murmure de mépris accueillit son apparition. L’échafaud se brisa sous ses pieds, et son corps se balança au dessus du pont. Ses traits se crispèrent, sa figure devint bleue, ses yeux sortirent de leurs orbites et le sang coula par le nez, la bouche et les oreilles.

Les habitants de l’île ne permirent pas que son cadavre fut ramené à terre. Il fut jeté à la mer, comme il en avait tant jeté lui-même…