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les mystères de montréal

Puis il alluma une allumette pour faire brûler la correspondance. Mais Antoine, lui ayant fait remarquer le danger qu’il y avait pour le feu dans cette bâtisse à demi-remplie de foin, il déchira la lettre en une infinité de petits morceaux qu’il jeta au dehors et que le vent du matin dispersa dans toutes les directions.

— Bien habile, dit-il, qui découvrira dans cela, une lettre de Paul Turcotte.

Les deux malfaiteurs se séparèrent pour aller chacun à leur ouvrage.

Trois semaines après une autre lettre arriva à l’adresse de Jeanne Duval ; elle subit le même sort que la précédente. Il en fut ainsi de quatre autres qui arrivèrent à des intervalles plus rapprochés.

Le traître étudiait l’effet que cela produisait sur la fiancée du proscrit. Elle allait au bureau de poste plus souvent et laissait des lettres à l’adresse de l’exilé.

Un jour qu’on lui répondit qu’il n’y avait rien, elle fit entendre un soupir et alla prier à l’église.

Dans le village on disait tout bas, que la fille du défunt Matthieu Duval perdait son simulacre de gaieté conservé après la mort de son père.

Charles et Antoine étaient liés d’une amitié étroite, comme le sont les amitiés criminelles. Néanmoins, pour ne pas donner à soupçonner, ils allaient rarement ensemble.

Le fils du maître de poste devint en quelques