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les mystères de montréal

cotte qui aime Jeanne, va rester longtemps sans avoir de ses nouvelles ?

— Mais s’il met le pied en Canada, je le fais arrêter, et il sera condamné à la corde ou au pénitencier.

— Il échappera à tout cela, comme il l’a déjà fait… J’étais donc à te dire que Paul, rentrant en Canada, je suis arrêté et condamné au moins, à cinq ans de pénitencier. Ce n’est pas dangereux ?

Le marchand esquissa un demi-sourire forcé. Il méditait les dernières phrases de son complice.

Depuis cinq semaines il vivait dans l’espérance et ce soir, sur une simple supposition de Martel, cette espérance s’évanouissait pour faire place au peut-être, à un peut-être plus cruel que la certitude.

Charles réfléchit durant un instant puis se laissant tomber sur un banc il dit en riant aux éclats :

— Pauvre diable de Martel, tu parles bien pour rien. Ignores-tu que je te tiens entre mes mains. Je n’ai qu’un mot à dire et tu vas passer la plus belle partie de ta vie au pénitencier… Tu t’es rendu coupable de vol de lettres. Le mieux pour toi est de continuer à me servir : sinon on découvrira la trame et ce n’est pas moi qui en souffrirai le plus.

— Infâme ! rugit le cavalier de la défunte Améline Lanctôt en s’élançant sur Charles pour le saisir à la gorge ; prend garde, je dénonce tout…

— Oh non ! tu ne le feras pas…

— Je le puis et si tu me pousses à bout je le ferai.