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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/171

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les mystères de montréal

que l’acte qu’il venait d’accomplir était une chose bien ordinaire dans sa vie.

On était arrivé devant la ville, à quelques arpents du quai où le Sovereign devait accoster. Mais le vent avait augmenté terriblement : le fleuve était très agité et il se formait des lames qui touchaient presqu’au pont du vaisseau.

— Nous aurons de la difficulté à accoster, fit le pilote, vieux loup de mer qui naviguait depuis vingt ans ; ce vent nord-est devient ennuyeux, vraiment.

— Nous monterons le long des quais, reprit le capitaine qui sortait de sa cabine où il était allé se frotter l’œil : envoie à bâbord !

Le bateau s’approcha quelque peu de terre mais un violent coup de vent le repoussa à trois cents pieds au large.

— Essaie encore, Pit ; Fred lâche toute la vapeur !…

Nouvel effort ; nouvel insuccès : le Sovereign fut repoussé plus loin qu’avant. On crut qu’il se briserait sur les roches qui entourent l’île Sainte-Hélène.

— Encore une tentative ! intima le capitaine, si nous ne réussissons pas cette fois-ci nous amarrerons plus bas.

Au moment où le Sovereign s’élançait de nouveau vers les quais, un cri déchirant suivi de cinquante autres partit du front.

— Une femme à l’eau ! Une femme à l’eau, rugit-on de toutes parts.

Voici ce qui était arrivé.