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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/172

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les mystères de montréal

Pendant que le vaisseau ballotté par les flots pointait sur Montréal, une jeune femme avait voulu saisir son chapeau emporté par le vent. Comme elle s’était trop penchée elle était tombée dans le fleuve et avait disparue dans une énorme vague. Cette femme était madame Covinton.

Le sauvetage d’une personne qui tombe à l’eau par un temps calme offre déjà beaucoup de difficultés, mais pendant une tempête, quand on peut à peine guider le navire, la chose devient très difficile pour ne point dire impossible.

Les passagers dans leur trouble ne remarquaient pas un homme qui se déshabillait à la hâte en jetant ses vêtements pêle-mêle dans une cabine, tout en regardant le fleuve ; aussi furent-ils surpris et saisis d’admiration en voyant l’individu au teint bronzé ; — le pugiliste de tantôt — accourir presque nu sur le pont, saisir un paquet de corde dont il lança un bout au gros Lucuis, le premier matelot, s’enrouler l’autre autour du corps, enjamber le bastingage de bâbord et plonger dans les bouillons blancs du Saint-Laurent.

La plus grande anxiété régnait partout sur le bateau. Une minute, deux minutes s’écoulèrent… La corde dévidait toujours. Rien n’apparaissait à la surface…

Vont-ils périr tous deux ?… Cet inconnu va-t-il devenir victime de son dévouement et emporter au fond de l’abîme un nom que l’histoire des belles actions ne pourra pas transmettre ?…

Non… les voilà qui reparaissent. Le défenseur des