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CHAPITRE XVII

le revenant


Le mardi qui suivit la publication, Charles Gagnon fut debout de grand matin et sourit à l’aurore d’un beau jour. Le mariage devait avoir lieu ce matin là.

Aux yeux de ses co-paroissiens le traître était maintenant un homme sage, mais aux yeux de Dieu c’était ce pécheur endurci, comblé à dessein de succès.

En s’habillant il repassait dans sa mémoire les obstacles qu’ils avaient vaincus pour arriver à ce résultat. Il revoyait ses exploits écrits sur une longue liste, et il s’arrêtait pensif en mettant son habit de drap fin taillé par mademoiselle Lauriault, la meilleure modiste du comté.

C’était un va-et-vient dans la maison : les mariés devaient déjeuner là au retour de la messe.

Le père François Gagnon faisait préparer les voitures et voyait aux chevaux. Julie, sa femme, courait ça et là, donnait un coup de main à l’un et faisait une suggestion à l’autre.

Chez la veuve du notaire on faisait aussi des préparatifs. Ce matin là Jeanne avait repris son sourire d’autrefois et avait déposé son deuil pour revêtir sa toilette de mariée.

Chez elle aussi les souvenirs viennent se heurter en foule. En premier lieu celui du proscrit qu’elle n’a ja-