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les mystères de montréal

— Vous ne me dérangez pas du tout, répondit madame Duval, sans savoir, monsieur, à qui j’ai l’honneur de parler je suis prête à vous écouter.

Paul s’était placé à dessein dans un coin obscur du salon : les rideaux étaient baissés et à cette heure matinale la clarté n’était pas encore complète.

— Votre fille, continua-t-il, si je ne me trompe, doit se marier dans la minute.

Madame Duval devenait intriguée.

— Dans une heure, répondit-elle, ma fille aînée sera madame Charles Gagnon.

Un frisson passa sur le corps de l’étranger.

— Madame Charles Gagnon ? fit-il, mais votre demoiselle ne s’était-elle pas fiancée à un nommé Turcotte… Paul Turcotte ?…

— Vous avez raison, monsieur, mais le malheureux Paul Turcotte n’est plus de ce monde et pourquoi venez-vous ce matin mentionner un nom auquel se rattache une histoire triste ; un nom que nous ne pouvons pas entendre prononcer sans tressaillir. Laissez-le dormir dans le fond de l’Atlantique.

L’étranger baissa la tête, affecté qu’il était.

— Paul Turcotte est mort, dites-vous. En avez-vous jamais eu la preuve ? demanda-t-il.

— Comment, fit madame Duval en se redressant sur sa chaise, cet infortuné jeune homme vivrait-il encore ?

Le capitaine du Marie-Céleste sortit alors de l’obs-