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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/179

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les mystères de montréal

en croire mes yeux… Et que faites-vous maintenant ?…

— Je suis capitaine du Marie-Céleste. J’ai attendu longtemps à l’étranger l’heure de l’amnistie ; je la croyais venue, mais malheureusement…

— En effet l’amnistie n’est que partielle.

— Oui, mais j’ai pris le temps de venir demander compte à Jeanne de son long silence…

— De son silence, dites-vous. Mais n’est-ce pas vous qui avez cessé le premier de correspondre ?

— Oh non, loin de là, madame.

— Je suis positive du contraire. Jeanne a envoyé lettre sur lettre et elles sont toutes restées sans réponse.

— Tiens c’est drôle cela ! J’ai justement fait la même chose… J’ai été jusqu’à écrire au curé Demers. Silence sur toute la ligne. Ce coquin de Charles doit connaître ça lui.

— Comment apprendre cela à Jeanne, fit madame Duval en soupirant, elle qui met la dernière main à sa parure de mariée… Pauvre enfant elle n’a quitté le deuil qu’hier… Et Charles Gagnon qui a été si bon pour nous depuis la mort de mon mari…

— Il n’a rien épargné, madame Duval, pour s’attirer l’amour de Jeanne et l’estime de la famille.

— C’est donc un hypocrite…

— Très habile. Et vous verrez que les événements me donneront raison.