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les mystères de montréal

— Monsieur Charles, j’arrive à temps pour m’opposer au mariage.

Les voisins ne connaissant rien de ce qui s’était passé entre les deux jeunes gens crurent que l’amnistié badinait et avec lui partirent d’un éclat de rire. Ce fut autre chose quand le marin prenant un air grave dit :

— Tu n’as pu me tenir éloigné plus longtemps… J’ai failli faire crever deux chevaux cette nuit, qu’importe j’arrive assez tôt pour briser tes projets…

Et regardant l’assemblée :

— C’est lui qui a trahi les patriotes dans la nuit du premier décembre 1837. Ses mains sont teintes du sang de nos gens, dit-il. Il s’est donné aux Habits-Rouges et voulait me faire faire prisonnier afin d’épouser celle que j’aimais.

Charles simulait un grand sang-froid mais il était très excité.

— Tu en fais, Paul Turcotte, répondit-il d’une voix tremblotante, je n’ai jamais trahi les patriotes.

— Ne pousse point l’audace jusqu’à nier, je le répète, tu es un traître et une canaille…

— Tu mens avec effronterie, et tu m’en rendras compte.

— Je connais tes crimes, tu m’as fais passer pour mort en interceptant mes lettres avec un complice qui lui aussi sera puni comme il le mérite.

— Tu ignores, Paul, que je puis te faire arrêter à l’instant.

— Il n’est pas question de cela. Je le sais et je suis