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les mystères de montréal

le paysan attendit seul. Aussitôt un militaire en petite tenue entra.

En voyant qu’il avait affaire à un paysan, il prit une figure de circonstance et dit en mauvais français.

— Vous avez fait mander le colonel Flynn ?

— J’ignore si c’est le colonel Flynn que j’ai fait mander, dans tous les cas c’est le successeur du colonel Gore.

— C’est moi, mais à neuf heures et demie, c’est trop tard.

— Je le sais, cependant comme je connaissais le colonel Gore — nous avons fait des affaires ensemble en 1837, vous savez — j’ai cru que je ferais suspendre la règle, car je suis chargé d’une mission si importante que je ne saurais souffrir aucun retard.

— Quel est votre nom et d’où venez-vous ! demanda le militaire.

— Je suis de Saint Denis, et je m’appelle Gagnon.

— Saint-Denis, balbutia le militaire, diable j’ai déjà entendu parler de ce village… Et vous êtes certain de ne pouvoir attendre à demain ?

— Très certain, tenez voilà la chose en deux mots.

En prononçant ces paroles le traître de Saint-Denis présenta une chaise à Flynn et tous deux s’assirent.

— Le gouverneur a signé un décret d’amnistie partielle en faveur des exilés de 1837-38, continua-t-il, mais ceux qui étaient les chefs du mouvement ne sont pas compris dans ce décret. Eh bien, le chef Paul Turcotte, celui qui a soulevé les jeunes gens des paroisses