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les mystères de montréal

tion sur lui. Les invités se taisaient pour écouter. Plusieurs s’approchaient même.

Paul Turcotte qui, depuis le commencement de la veillée, remarquait l’air triste de son rival, vit du premier coup d’œil de quoi il s’agissait.

— Je ne veux pas te narguer, dit-il à Charles, tu te trompes grandement… Et fais attention à tes paroles ; elles pourraient te coûter cher.

— Me coûter cher ?… Qui me les fera payer ?… reprit vivement Charles.

— Peut-être moi, si nous n’étions pas dans la maison de Pierre Bourdages.

— Nous pourrons nous rencontrer ailleurs, Paul Turcotte.

Charles Gagnon arracha brusquement son chapeau des mains d’Exilda Bourdages et quitta la maison.

Il marcha longtemps, la rage dans le cœur, sous les fenêtres illuminées où se continuait la fête, en machinant dans sa tête des plans de vengeance.

Sa première idée fut d’aller mettre le feu aux bâtiments de Turcotte.

— Non, se dit-il, cela me mettrait dans une mauvaise affaire pour rien… Attendons… Mais je le jure, j’empêcherai Paul et Jeanne d’être heureux ; ils ne s’épouseront jamais ! Je le jure !

Et comme si quelqu’un l’eût vu il leva la main au ciel.