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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/223

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les mystères de montréal

dois-tu tout cela ? Réponds franchement, Jos, à qui dois-tu cela ?

— Mais c’est à vous, Buscapié, à vous seul.

Mais il avait donc un autre nom, que celui qu’il s’était donné à l’Albion, le petit homme maigre.

— Eh bien je le répète, il se présente aujourd’hui une occasion unique de solder ta dette envers moi. En même temps tu échapperas aux poursuites de la police.

— Cette occasion, je ne la connais pas, capitaine Buscapié.

— Je vais te l’apprendre. Tu ne connais pas non plus mon histoire — Et personne sur le Solitaire ne la connaît — Quand je te l’aurai racontée tu comprendras la portée du service que je te demande.

C’est à la suite d’une affaire malheureuse, que je me suis fait marin, d’abord ; pirate, ensuite… Je suis né, dans un petit village qu’il y a en ligne droite avec Montréal en gagnant les États-Unis. J’y suis presque toujours resté jusqu’à l’âge de vingt-trois ans. À cette époque, j’aimais une jeune fille : j’avais même conquis son amour quand un rival a surgi et m’a supplanté par des moyens bas… Jusqu’alors ce jeune homme avait été mon ami : depuis je le regardai comme un traître, indigne de la confiance de ses compagnons… Un soir que malgré tout cela je luttais de galanterie, j’eus avec ce rival un petit démêlé et je lui dis qu’il m’avait supplanté mais qu’il le payerait cher… Peu après ne pouvant épouser celle que j’aimais, je quittai mon village, mais le souvenir de cette jeune fille ne m’a jamais