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les mystères de montréal

— Moi qui m’étais déjà essayer la soutane qu’il y a dans la valise…

— Ah, Jos, tu as l’air de regimber, ce n’est pas bien. Est-ce ainsi que je me suis conduit envers toi, l’année dernière lorsqu’au prix de ma vie, j’ai racheté ta liberté ? Sans moi tu moisirais au fond d’un bagne. Je n’ai qu’à dire un mot, qu’à te retirer ma protection et tu vas terminer ta vie dans un cachot.

Le petit homme maigre faisait allusion à l’événément suivant.

Le 13 août 1841, étant à la hauteur de l’île Sandy-Hook dans l’état du New-Jersey il avait vu un individu portant le costume des détenus du pénitencier de Sing-Sing, se jeter à la nage et se diriger vers la terre ferme. Le nageur ayant aperçu un gardien sur la rive changea de direction, mais le gardien avait reconnu le prisonnier. Aussitôt il sauta dans une chaloupe et se mit à sa poursuite. Alors commença sur la rivière une chasse à l’homme. Le prisonnier luttant pour sa liberté nageait avec une rapidité étonnante ; le constable dans l’espoir d’une récompense faisait tous ses efforts pour s’emparer de l’évadé. Le forçat commençait à perdre ses forces, et le gardien l’atteignait, mais au moment où il allait le saisir pas ses vêtements, une balle lancée par un homme qui doublait la pointe de Sandy Hook, en canot, le coucha dans son embarcation et en même temps l’inconnu, qui montait le canot, saisit le détenu, à bout de forces, le hissa dans son esquif et fit force de