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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/228

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les mystères de montréal

— Mon cher ami, fit-il en s’inclinant devant le nouveau venu, qu’est-ce que je puis faire pour vous ?

Le nouveau venu ne répondit pas. Il examinait les habits accrochés à la cloison. Le propriétaire regardait cet homme vêtu avec élégance, avec recherche même et se disait qu’il n’avait pas affaire à un client ordinaire mais peut-être à un agent de police.

Buscapié venait de décrocher une paire de pantalon brun d’apparence pauvre, un habit noir dont le dos était rougi par une trop longue exposition au soleil et une chemise de flanelle grise.

— Combien ces trois morceaux ? demanda-t-il.

— Bien bon marché, mon ami, mais est-ce pour vous même ?

— Cela ne fait rien à la chose. Répondez donc à ma question.

— Si c’était pour vous même, je vous en montrerais d’autres plus beaux.

— Ceux-ci font, le prix s’il vous plaît.

Le juif calcula :

— C’est huit piastres pour vous, monsieur, répondit-il.

— Je ne demande pas le prix du magasin, répondit Buscapié en jetant les trois articles sur le comptoir.

Le juif ne comprit pas.

— Ce n’est pas trop cher, continua-t-il. Ailleurs vous n’aurez pas cela à moins de dix piastres.

— Moi je n’en donnerais pas sept.