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les mystères de montréal

coupable… C’est pourquoi il peut maintenant venger son vieux père !…

Les sauvages firent entendre des cris de joie et brandirent leurs tomahawks. Puis ils commencèrent une danse guerrière. Chacun passait devant le capitaine et, avec cette adresse propre aux Montagnais, faisait tournoyer son arme au-dessus de la tête du condamné. C’était un supplice pire que mille morts.

Pasheeboo, qui avait laissé le groupe des danseurs revint en portant un énorme coutelas encore teint de sang. C’était ce même coutelas, qui, deux ans auparavant, avait servi à Thibault pour trancher la tête de Wapigun.

Les Agwanus l’avaient conservé précieusement parmi les reliques de la nation, pour qu’un jour, disaient-ils, le sang de Wapigun, fut mêlé sur la même lame à celui de Thibault, dans l’œuvre de la vengeance…

La cérémonie ne fut pas longue, il faisait trop froid. Le jeune chef Agwanus trancha d’un coup de son coutelas la tête du meurtrier de son père qui roula sur la neige.

Les deux mille sauvages réunis là, poussèrent un cri de triomphe sans pareil qui se répercuta dans la montagne.

C’était à cette scène que j’avais assisté de la cabine du Découvreur.