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les mystères de montréal

III

Trois semaines s’étaient écoulées depuis cette affreuse nuit de décembre et personne n’était revenu à bord. Je veillais constamment sur Bérubé qui était réellement fou et qui répondait à mes sollicitudes par des cris de bête sauvage ou par des paroles incohérentes…

Que signifiait tout cela ? Tous ces affreux fantômes que j’avais vus ? L’équipage avait-il été tout massacré ou seulement le capitaine ? Quant à ce dernier j’en étais presque certain.

Chaque jour je montais dans les mâts pour voir si quelqu’un venait. Enfin une après-midi, celle du 23 décembre, à la tombée de la nuit, je vis venir mes compagnons.

Ils n’étaient que six de sept qu’ils étaient au départ. Jacques Laliberté et Donat Sentenne marchaient les premiers et portaient les provisions, tandis que Boilard et Verronneau portaient sur une litière quelque chose qui n’était pas de l’ours.

C’était le cadavre de mon infortuné capitaine…

Boilard me raconta sa mort. Je l’interrompis plusieurs fois pour montrer que moi aussi j’avais eu connaissance de cet épouvantable drame.

Quatre mois après arriva la débâcle. Ce matin là Bérubé apparut au milieu de nous, il avait retrouvé la raison.