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les mystères de montréal

venger, jeter ces deux hommes à l’eau s’il eut été capable et il répétait en lui-même : « Vous me le paierez cher ! »

Embarqué sur le Marie-Céleste depuis dix jours, l’émissaire du capitaine Buscapié n’était pas plus avancé qu’au premier jour.

Il avait étudié le caractère de ses compagnons et appris leur histoire.

Il pensa avoir trouvé son homme en la personne du Norvégien Geubb. Cet homme peu communicatif, très sournois, lui paraissait propre au genre d’ouvrage qu’il voulait exécuter.

Journalier à Christiania, il avait failli être tué dans une explosion de mine ; il s’était alors embarqué pour l’Amérique. Ses tentatives de fortune dans le nouveau monde, ayant échoué, il s’était engagé sur le Marie-Céleste.

Il existait une grande amitié entre les deux Norvégiens Geubb et Vogt, soit à cause de leur origine commune, soit à cause d’une similitude de goût.

Si le pirate gagnait Geubb, Geubb gagnerait son compatriote Vogt.

Comme Matson alias Riberda travaillait dans la cale à remettre en place des barils dérangés par le tangage, avec Longpré, Geubb et l’Allemand Hochfolden, et que tous ensemble ils suaient à grosses gouttes le pirate mit sa lanterne à terre et dit :

— Ma foi, nous sommes gauches de travailler comme