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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/273

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les mystères de montréal

il observait ses compagnons, tâchant de découvrir quelles impressions ces suggestions faisaient sur chacun d’eux.

Longpré avait chaud et s’essuyait le front sans s’occuper de rien, mais Geubb et Hochfolden réfléchissaient en regardant le pirate, comme s’ils eussent voulu lui demander. « Parlez-vous sérieusement ? »

Le Canadien les gênait, car ils savaient qu’il ne voulait rien faire pour déplaire au capitaine.

Turcotte et Longpré se connaissaient bien et souvent au cours de leurs voyages ils avaient fait preuve d’un dévouement mutuel non équivoque.

— Cela s’appelle une mutinerie, fit le Canadien qui ne prenait pas cela sérieusement, en attendant, je vais boire, et il monta sur le pont par l’écoutille.

Après son départ les trois hommes restés dans la cale, échangèrent un regard rapide et interrogateur.

Matson se rapprocha des deux matelots et leur dit sur un ton moins badin :

— Vous oseriez ?

Geubb répondit par un clin-d’œil à Hochfolden.

— Est-ce sérieux, Riberda ?

Quant à l’Allemand il n’osait parler craignant un piège. Le pirate devina son intention et dit :

— Vous autres, tenez, je vois que vous êtes fatigués aussi de travailler pour rien… Écoutez, mes amis, il n’y a pas moyen de faire quoique ce soit avec ces Canadiens-là… Ils ne sont pas assez entreprenants…