Cette après-midi là Longpré qui était de vigie, signala une voile.
— Dans quelle direction navigue-t-elle ? demanda le capitaine.
— Elle est encore trop loin pour distinguer, capitaine, cependant je crois reconnaître un formidable trois-mâts sinon un quatre.
Ces trois dernières paroles passées inaperçues pour les Canadiens du Marie-Céleste furent vivement remarquées par les autres matelots et surtout par Riberda.
Cette voile devait être le Solitaire.
Les complices du pirate se regardèrent.
— Enfin, se dit Riberda et il s’approcha du bastingage du tribord mais il ne put rien distinguer.
Une demi-heure après, le matelot de quart monta de nouveau sur la hune du grand mât. Quand il descendit Riberda se porta à sa rencontre et dit :
— Eh bien ?
— Quoi ? eh bien, demanda Longpré, qui ne comprenait rien à cette interrogation.
— Ce navire que vous avez vu tantôt, le voit-on encore.
— Si, il navigue sud-sud-ouest.
Ce soir là à la réunion ordinaire sous le gaillard d’avant, le pirate semblait préoccupé et sortait fréquemment sur le pont pour interroger les ténèbres et prêter l’oreille au moindre bruit.
Ayant tiré Vogt à part, il lui demanda :
— Qui veille cette nuit ?