Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/289

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
289
les mystères de montréal

acquise, il répondait avec un petit sourire malin qu’il avait fait d’heureuses spéculations dans les mines de diamant du Brésil et que, par prudence, il avait quitté ce pays à la veille d’une crise financière. Ses milliers augmentaient rapidement.

C’était un petit homme maigre, avec une figure énergique et qui portait élégamment un lorgnon d’or.

Il était célibataire, bien qu’il eut quelque chose comme trente-cinq ans, et demeurait rue Bonaventure.

On voyait sur cette rue, entre les rues de la Montagne et Richmond une maison de pierre à deux étages, un peu retirée de la rue, entourée d’arbres qui la cachaient à demi et connue sous le nom de « Kildenny Hall. »

Depuis que de Courval avait fait l’acquisition de « Kildenny Hall » cette résidence avait revêtu un air triste, ou plutôt, connue on disait dans le quartier, un air mystérieux.

Mystérieux était bien le mot pour qualifier cette maison dont les volets étaient constamment fermés et dont la porte principale ne s’ouvrait que le matin, à la sortie du maître et tard le soir à son entrée.

Le banquier était servi par deux domestiques Canadiens-français, avec qui il était de la plus grande discrétion. Il avait une belle écurie, de beaux chevaux, de splendides voitures, et lorsqu’il se promenait dans les rues, on s’arrêtait pour le regarder passer.

Quelquefois le banquier réunissait chez lui des