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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/298

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les mystères de montréal

— Je suis mieux à présent : retournons à notre lunch.

Il se remit à table comme les autres, mais ne mangea pas et bien qu’il se dit mieux ses airs ne confirmaient point ses paroles.

Il cherchait à faire revenir la conversation sur la belle-sœur de Braun.

— Je crois qu’elle ne vous irait pas mal du tout, dit celui-ci, d’autant plus que vous devez commencer à trouver la vie de célibataire ennuyante.

— Vous avez raison, c’est bon pour un certain temps, vivre seul, mais lorsqu’on devient mûr, qu’on commence à comprendre ce qu’est la vie, qu’on voit ses amis d’enfance avec des femmes et des enfants, on est content de trouver, le soir en arrivant chez soi, une compagne gentille qui vous sourit encore plus gentiment. Vous lui faites part de vos projets, vous lui confiez vos amertumes, et la soirée se passe au coin du feu dans un charmant tête-à-tête où vous oubliez les milles misères de la vie.

— Mademoiselle Duval vous irait certainement, reprit Verreau, et il ajouta en souriant : mais peut-être que vous ne lui iriez pas aussi bien… C’est ce qui m’est arrivé…

— Que monsieur de Courval essaie toujours, fit Braun, qui sait s’il ne sera pas plus heureux.

— J’en doute fort, répondit le banquier. En attendant, allons, garçon, ici, que va-t-on vous servir, messieurs ?