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les mystères de montréal

vaincus sur les plaines d’Abraham n’ont pas désespéré. S’ils ont su mourir en mil sept cent cinquante-neuf, sachons mourir en mil huit cent trente-sept.

Ce n’est plus des discours qu’il faut servir aux Anglais mais du plomb. Transformons, s’il le faut, nos cuillères en balles, nos maisons en casernes et nos terres en champs de bataille. Que cette faulx qui a moissonné nos blés devienne une faulx de mort, et que cette cloche qui nous conviait tantôt au pied des autels nous convie à la charge de l’ennemi. On nous dit : Soyez esclaves ! Répondons : Soyons plutôt soldats ! »

Des applaudissements prolongés succédèrent à ce discours. Les paroles saccadées du notaire Duval, son style vigoureux et véhément, ses gestes énergiques échauffèrent davantage le patriotisme des habitants.

Les jeunes gens appelèrent ensuite Paul Turcotte. Il déclama avec feu les vers suivants qui venaient d’être composés par Monsieur Angers et qui faisaient le tour de la province :


Canada, terre d’espérance,
Un jour sonne à t’émanciper.
Prépare-toi dès ton enfance,
Au rang que tu dois occuper.
Grandi, sous l’aile maternelle ;
Un peuple cesse d’être enfant :
Il rompt le joug de sa tutelle,
Puis il se fait indépendant.
Ô terre américaine
Sois l’égale des rois