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les mystères de montréal

du Marie-Céleste qui avait disparu mystérieusement avec tous ses matelots, on ne cessait de lui adresser des questions comme celles-ci :

— Pourquoi avez-vous abandonné votre navire !

— Qu’est devenu votre équipage ?

— Y a-t-il longtemps que vous êtes ici ?

Turcotte répondait à ces questions par d’autres questions et en disant :

— Je ne le sais pas plus que vous, mes chers amis… Mais ce Marie-Céleste a donc fait bien du bruit.

— Oui, répondait-on, car le fait de rencontrer un navire complètement abandonné et sur lequel il ne manque rien, pas même les chaloupes de sauvetage est assez singulier.

Comme on demandait au naufragé de raconter son histoire depuis son dernier départ de Montréal, il se rendit de bonne grâce au désir de l’équipage et des passagers du Scotland, et les ayant réunis le soir sur le pont il leur parla ainsi :

— Dans le mois de mai 1842, j’étais donc capitaine du Marie-Céleste et j’avais à mon bord huit hommes d’équipage, tous de braves gens bien disciplinés. J’étais dans le port de Montréal me préparant à lever l’ancre pour l’Italie. Un matin je reçus une lettre d’un marchand d’Ottawa, me demandant de prendre à mon bord madame Alvirez et son enfant âgé de six ans, femme et fils d’un armateur de Gibraltar, et de bien vouloir les débarquer en cette ville à mon passage. Une affaire pressante rappelait madame Alvirez