— Monsieur de Courval, j’en ai entendu parler répondit la jeune fille…
— Eh bien, il dînera avec nous ce midi.
— Ah, viendra-t-il seul ?
— Absolument seul. C’est un intime en affaire, que je tiens à vous présenter.
— À me présenter ; dites vous ?
— Oui, il est si riche : vingt mille piastres de revenu par année.
— C’est en effet un riche banquier.
— Et sa fortune ne peut qu’augmenter… Il est si habile, si prudent… Il ne s’engage jamais dans une spéculation sans l’avoir étudiée à fond.
— Alors avant longtemps, il sera un des Crésus de Montréal.
— Avant trois ans il contrôlera une grande partie des affaires en cette ville.
— Ces célibataires ne pensent qu’à l’argent.
— Pardon, pardon, ils pensent aussi au mariage, et le représentant de la maison Donalson ajouta sur un ton plus bas et en souriant. Et c’est un peu — c’est-à-dire beaucoup — pour vous que celui dont je vous parle vient dîner ici…
— Mais je ne pense pas qu’il me connaisse…
— De vue ? Non : de renommée ! Oui. On lui a parlé de vous et on ne lui en a pas dit trop de mal.
— Allons quelqu’un se serait-il mis dans la tête de lui faire mon éloge !
— Quelques-uns serait plus exact, car vous savez