comme moi, ma chère belle sœur, que plusieurs messieurs prétendent à votre main, que vous les faites rêver et qu’ils emploient toutes leurs ressources à vous plaire et tâchent de se faire remarquer par vous.
— Je m’en suis aperçu bien des fois, allez, peinée que je suis de ne pouvoir porter le nom d’un de ces messieurs qui me font tant de galanteries.
— Si vous le vouliez, vous le pourriez.
— Non, monsieur George, ces messieurs possèdent mon estime, non mon amour.
— Toujours la même chose… Encore une fois, c’est fatiguant pour vous d’entendre répéter souvent les mêmes paroles, mais de grâce, au nom de votre avenir, de votre bonheur, donnez donc à un autre cette place que s’est conquis dans votre cœur, cet homme que vous ne reverrez jamais
— Que je ne reverrai jamais, dit douloureusement Jeanne en laissant tomber sur ses genoux le mouchoir qu’elle tenait.
— Oui que vous ne reverrez jamais puisqu’il est mort.
— Mort ! En avez vous des preuves ?
— Pauvre jeune fille, voulez-vous que la mer rende ses victimes ?
— Dussé-je attendre ce jour, je l’attendrai.
— Vous ne l’attendrez pas, reprit Braun qui s’impatientait, en frappant sur la bibliothèque : je saurai faire tomber vos caprices de fillette.
La jeune fille ne répondit pas. Elle baissa les yeux,