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les mystères de montréal

fait tomber entre leurs mains des hommes blancs qui écrasent les ennemis… Dansons joyeusement autour du fils d’Itaka… C’est lui qui devait être le chef des Outeiros… Il devait s’abreuver de notre sang, se rassasier de notre chair, faisons-lui ce qu’il nous aurait fait… Toi, Kaposa, n’oublies pas la manière dont Itaka t’a enlevé l’auteur de tes jours…

À ces paroles un sauvage haut de six pieds, à l’œil noir, à la prunelle ardente, couché sur l’herbe, se leva avec l’agilité de la couleuvre. Il s’avança près du prisonnier et s’adressant à Ratraca :

— Grand chef, dit-il, si tu veux je donnerai le premier coup à ce vaurien.

Le vieux Guaranis parut réfléchir un instant, puis il dit en accentuant ses paroles :

— Kaposa, je connais ton dévouement à la tribu… Bien souvent tu nous as amené des Outeiros… C’est à moi qu’il appartient de donner le premier coup à tout ennemi de la nation, cependant je te cède ma place…

Kaposa fit un geste en signe de remerciement et jeta un regard sur l’espèce de poignard qui pendait à son côté.

— Qui donnera le deuxième coup ? demanda un jeune sauvage, qui depuis le commencement de cette scène était plongé dans une grande rêverie, qui donnera le deuxième coup ?

— Moi ! lui fit réponse le chef.

— Alors je donnerai le troisième.