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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/34

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les mystères de montréal

s’était retirée de la plus belle de ses colonies, ils regardaient leur nouvelle mère d’un mauvais œil.

Paul alla trouver son père qui avait fait la tournée pour avertir les habitants et lui dit :

— Et Charles Gagnon, vous ne l’avez pas amené ?

— Dame, non, répondit le père Joseph Turcotte, je ne l’ai pas amené…

— Vous n’y êtes pas arrêté, quoi ?…

— Oh ! oui, vois-tu, il n’y était pas ; d’ailleurs son père m’a dit que Charles ne voulait en aucune façon se mêler aux patriotes ; qu’il préférait rester neutre dans le mouvement.

— Tiens, et pourquoi donc ?

— Je n’en sais rien.

Paul eut des soupçons. Si Charles n’embrassait pas la ligue des patriotes, c’était peut-être pour ne pas avoir à combattre sous les ordres d’un rival en amour ; peut-être encore préférait-il le parti des bureaucrates.

L’aube blanchissait déjà l’horizon. La nuit s’était écoulée en préparatifs. Au dehors on avait sapé le pont qui unissait les deux rives du Richelieu, afin de couper le passage aux troupes du gouvernement : au dedans, chez Duval, on avait fabriqué des munitions.

À la pluie fine de tantôt succédait un vent du nord-est qui glaçait les membres de ceux qui sortaient dans la campagne.

La journée de la bataille s’annonçait triste. On entrevoyait à travers les lueurs de l’aurore un de ces temps d’automne, qui, tout en jetant la tristesse dans