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les mystères de montréal

maintenant… Et dire que cela arrive au moment où je revois Jeanne Duval, plus belle, plus libre que jamais.

L’ancien marchand de Saint-Denis quitta son fauteuil, prit un trousseau de clefs et ouvrit un coffre-fort minusculaire, scellé dans la muraille, d’où il tira une liasse de journaux jaunis par le temps.

C’étaient ceux qui racontaient comment vingt-cinq mois auparavant, le fameux corsaire le Solitaire avait été surpris par un cotre vénézuélien, durant une nuit sombre d’octobre, à l’embouchure de l’Orénoque où il guettait un galion en partance pour l’Europe, et comment le capitaine du corsaire, par un acte d’audace qui tenait du prodige, s’était lancé à la mer avec un de ses matelots, avait gagné la côte d’où il s’était embarqué pour une destination inconnue, après avoir déterré le trésor commun de l’équipage, consistant en diamants, et en dorures, évalué à £30,000 et enfoui dans une grotte.

« On a offert, ajoutait le journal, de remettre en liberté les pirates du Solitaire moyennant £500 de rançon chacun, mais Buscapié, leur capitaine, n’a donné aucun signe de vie. »

Charles Gagnon, le Hubert de Courval d’aujourd’hui, relut les journaux plusieurs fois et les remit dans le coffre-fort dont il referma soigneusement la porte à clef.

— Si je savais, pensa-t-il, qu’en donnant vingt-cinq mille piastres, cinquante mille même à Matson, je le