Aller au contenu

Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/359

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
359
les mystères de montréal

— Toi qui sais tout ; dis ce qu’est devenu l’Outeiros.

— Le Grand-Esprit l’a fait fuir, répondit le Canadien ; tu l’aurais mangé et cela n’est pas bien. Tant que tu mangeras tes frères, les sauvages — qu’ils soient tes ennemis ou non — le Grand-Esprit te poursuivra sans cesse de sa colère et son bras viendra couper les liens de tes prisonniers.

— Mais que veut-il que nous fassions de nos prisonniers ?

— Que tu ne leur donnes par la mort et que tu ne les fasses pas souffrir.

— Allons donc, reprit le grand chef, tous les autres sauvages, les Outeiros, les Macuros font souffrir et mangent leurs prisonniers.

— Oui et regarde comme ces nations tombent en lambeaux. Si elles continuent dans ces festins horribles, avant longtemps il viendra des hommes blancs qui les feront toutes disparaître. Et après leur mort ces sauvages seront dévorés par un feu plus torturant que les couteaux de leurs ennemis… Toi-même, grand chef Ratraca, tu verras tes guerriers repoussés dans le désert, mourir de faim. Ils se mangeront entr’eux… Eh bien tu me demandais pourquoi tes prisonniers s’échappaient, le sais-tu maintenant ?

Le grand chef ne répondit point. Il était pensif. Se retournant vers ses guerriers il leur dit :

— C’est le Grand-Esprit qui a fait fuir l’Outeiros.

Les sauvages poussèrent un cri de rage et se retirent dans leurs huttes.