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les mystères de montréal

Les guerriers le regardèrent en tâchant de surprendre sur sa figure quelque chose qui put leur faire deviner les émotions qu’il éprouvait alors. Mais il avait un visage calme.

— Ramos, lui dit le grand chef, avec des yeux farouches, tu n’es pas capable de garder un ennemi qu’on te confie.

Ramos lui répondit :

— L’ennemi s’est glissé dans ton camp comme une couleuvre, et, comme un lâche, il m’a frappé en arrière…

— Tu n’as pas entendu ses pas.

— Non, mais tes guerriers auraient dû l’entendre près de leurs huttes. Car le traître n’est pas arrivé au poteau sans traverser le village.

En entendant ces paroles, le grand chef se demanda si Kaposa, vexé d’avoir été mis au second rang, n’était pas pour quelque chose dans cette disparition. À la dérobée il jeta un coup d’œil mais ne remarqua rien de suspect dans son sujet. Il regarda ensuite le jeune Yvanko. Celui-ci avait eu la même pensée que son chef, car il avait regardé le sauvage soupçonné et il regardait maintenant Ratraca.

Les regards des deux sauvages se rencontrèrent : cela ne fit qu’augmenter les soupçons du vieux chef. Il fut sur le point d’interroger Kaposa. Mais avant il consulta un homme qui, pour lui, était un demi-dieu. C’était Ticondar ; c’est-à-dire, l’homme blanc.

Ratraca lui parla en ces termes :