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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/363

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les mystères de montréal

Enfin le soleil disparut entièrement.

Sans attendre plus longtemps les sauvages s’approchèrent davantage du prisonnier et brandirent leurs coutelas.

Le patriote de 37 comprit que sa dernière heure était arrivée. Il recommanda son âme à Dieu, en demandant pardon de ses fautes. Il revit dans une idée rapide sa vie orageuse : son enfance à Saint-Denis, les troubles, la mort de son père, ses fiançailles, ses naufrages, son séjour dans l’ile, seul au milieu de l’Atlantique, sa délivrance. Et jamais il n’avait été aussi près de la mort.

Un Outeiro jouait sous son nez avec un poignard à la main. Tout à coup il lui vit lever le bras et s’élancer pour le frapper. Il ferma les yeux et sentit le poignard lui entrer dans les chairs.

En ce moment deux cavaliers débouchaient dans le camp à bride abattue. L’un était Olitara, l’autre Irisko.

Alors le Canadien rassemblant toute son énergie, cria de toutes ses forces :

— Irisko, je suis Turcotte, ton sauveteur !

À ces mots le jeune sauvage bondit comme un tigre au milieu de ses guerriers.

— Arrière, fit-il en les renversant, vous tuez mon sauveteur…

Et il se jeta au cou du prisonnier. Celui-ci était