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CHAPITRE VII

angoisse.


Un œil au beurre, une marque rouge sur le nez, un habit plus déchiré que d’habitude, tels étaient les indices qui montraient que Matson avait eu de l’argent à dépenser, quand, à dix heures du matin, il entra dans le bureau du banquier de Courval, rue Saint-Gabriel.

Ce dernier ne put retenir une grimace en le voyant. Il lui apparaissait encore plus repoussant que la veille, avec ses haillons et son air de pochard indépendant.

Il alla droit au pupitre de son ancien capitaine, en répandant derrière lui une odeur prononcée d’alcool.

Le banquier le reçut froidement et pendant que Matson, redevenu pour un instant l’ex-caissier du Solitaire, fouillait l’appartement en cherchant un endroit pour parler à l’aise, son camarade lui dit :

— Par ici.

Les deux hommes passèrent dans la chambre voisine.

— Eh bien, Buscapié ?

— Eh bien, Matson ?

— Cette somme dont nous avons parlé, hier au soir, il me la faut ce matin.

— Tu ne l’auras pas, mon pauvre diable, répondit le banquier avec un sourire narquois.

— Comment, je n’aurai pas cinquante mille piastres ?