— Tu n’auras pas un sou.
— Ne me tente pas. J’ai envie de parler ce matin. Prends garde, Buscapié, prends garde.
— On ne te croira pas.
— Lâche, j’ai des preuves.
— Elles ne valent rien.
— Ah ! tu pousses l’insolence trop loin, capitaine.
— Toi, tu es chanceux que je ne t’assassine pas devant ce coffre-fort, quitte à faire croire que tu as voulu voler.
— Ah ! c’est trop fort… tu ne joueras pas avec moi comme tu as joué avec tant d’autres.
— Donne-moi des garanties que, si je te donne le montant demandé, tu ne reparaîtras jamais en Canada.
— Des garanties ! C’est toi qui en demande, toi qui jurais de mourir à nos côtés sur le Solitaire ?… Des garanties !… Comme si j’étais ton obligé… Tu me pousses à bout…
Jusqu’ici la conversation s’était tenue sur un ton modéré, mais l’ancien caissier du Solitaire s’excitait. Il se leva et commença à gesticuler sous le nez du banquier. Celui-ci lui dit :
— Attention, on t’entend…
— Je veux qu’on m’entende, moi, et je parlerai encore plus fort.
Assis-toi, Matson, ou je te montrerai que j’ai encore du nerf…
— Moi aussi j’en ai encore…