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les mystères de montréal

de Courval était dans son cabinet de travail dans sa résidence de la rue Bonaventure.

La nuit était venue depuis quelques heures et le banquier, au lieu de se préparer au sommeil se préparait à sortir. Il avait endossé son paletot et coiffé son chapeau de laine.

Il descendit dans le soubassement de sa maison et frappa à la porte de chambre de son homme de cour.

— Lafleur, fit-il, habille-toi à la hâte et viens me trouver dans mon bureau.

Le banquier remonta et attendit.

Son homme de cour s’appelait Pierre Lafleur et venait d’un comté en bas de Québec. Il avait vingt-cinq ans. Le banquier avait trouvé en lui un homme discret et c’était en partie pour cela qu’il l’avait pris à son service. Car il n’aimait pas que les choses qui se passaient chez lui fussent répétées au dehors.

Lafleur arriva dans le bureau de son maître en se frottant les yeux.

Assieds-toi, lui dit ce dernier, en lui indiquant un fauteuil.

Il fut surpris de cette marque de courtoisie de la part d’un homme qui le traitait habituellement avec hauteur.

Assieds-toi, répéta le banquier, en approchant le siège, j’ai besoin de toi cette nuit… Comme tu es gelé, verse-toi d’abord un bon verre, et s’il ne te réchauffe pas tu en prendras un autre.