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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/374

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les mystères de montréal

Quand Lafleur eut avalé une première rasade, son maître lui demanda :

— Es-tu capable d’un grand secret, Lafleur ?

Au lieu de répondre catégoriquement, le domestique commença à défiler des périphrases, — effets de sa rasade.

— Comment pouvez-vous me faire cette question ? répondit-il, ne me connaissez-vous pas encore monsieur ? Avez-vous eu connaissance que j’aie ouvert la bouche au dehors pour raconter ce qui se passe dans votre maison ?

— Non, mon Lafleur, je n’ai pas de reproche à te faire : je suis content de tes services. Puis-je encore compter sur toi pour cette nuit ?

— Vous pouvez compter sur moi pour cette nuit et pour toujours, tant que vous ne me remercierez pas de mes services.

— Eh bien, Lafleur, ta réponse me satisfait… verse-toi encore un autre verre… Peux-tu me jurer maintenant que tu ne dévoileras rien de ce qui va se passer cette nuit ?

Quoique le domestique fut sur le chemin de l’ivresse il comprit l’importance de cette question.

— Pourquoi exiger de moi un tel serment, répondit-il. Vous savez bien qu’il n’est pas dans mes habitudes d’aller faire des commentaires sur ce que je vois ici

Le banquier vit qu’il pouvait parler sans danger. Il posa la même question une seconde fois.

— Je te demande si tu peux jurer que tu ne diras