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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/375

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les mystères de montréal

pas un mot de ce qui va se passer cette nuit. Réponds : oui ou non.

— Oui.

— Jure-le ; répète mes paroles.

Le banquier dit alors d’une voix solennelle :

— Je jure.

— Je jure, répéta Lafleur.

— Devant Dieu.

— Devant Dieu.

— De ne rien dévoiler.

— De ne rien dévoiler.

— De ce qui va se passer cette nuit.

— De ce qui va se passer cette nuit.

— C’est bien, Lafleur, donne-moi la main et souviens-toi que tu ne verras pas la fin du jour où tu auras trahi ton serment.

Lafleur fit signe qu’il comprenait.

— Maintenant, continua l’ancien marchand de Saint-Denis, tu vas atteler mon bai brun sur le landau : tu rabattras les stores, puis tu entreras m’avertir… Travaille sans bruit, qu’on n’ait connaissance de rien… va…

Tout en remplissant les ordres de son maître, le domestique se demandait ce que signifiait ce serment et cet ordre de sortir le plus bel équipage, à onze heures du soir, dans ces mauvais chemins d’automne, où la neige mêlée à la terre faisait de la boue.

S’il n’eût pas été sous l’influence de la boisson, il aurait eu peur, surtout après cette promesse solennelle ;