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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/378

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les mystères de montréal

Matson était encore dans le même état léthargique et se laissait traîner comme une masse inerte.

Quand il fut couché dans le fond de la chaloupe, le banquier dit à son domestique de s’asseoir en arrière et de gouverner au large, en même temps que lui tirait l’ancre de la chaloupe et prenait les rames.

Il ramait fort habilement et en quelques coups fut à deux arpents de la grève.

Alors cessant de ramer, il se leva pour prendre son ancien camarade à bras le corps.

Lafleur poussa un cri et commença à comprendre. Jusqu’ici il n’avait pas dit un mot, pas adressé une question. En laissant la maison il avait cru qu’on allait mener cet homme endormi à Hochelaga. Arrivé en cet endroit, il avait pensé qu’on le traversait à Longueuil. Ce n’était pas cela.

— Mais cet homme n’est pas mort ! fit-il.

— Je sais mieux que toi s’il est mort, répondit le banquier, en continuant son ouvrage.

— Vous voulez le noyer !

Le traître de 37 soulevait toujours l’endormi.

— Vous ne l’assassinerez pas, dit Lafleur, en essayant de lui faire lâcher prise. Vous l’avez endormi exprès et vous voulez faire de moi votre complice… C’est indigne… Je vous dénoncerai…

— Rappelle-toi ton serment…

— Je vous dénoncerai quand même !…

Et le domestique se leva pour saisir son maître à la gorge.