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les mystères de montréal

Paul Turcotte sortit du magasin, après avoir vu échouer sa tentative de réconciliation.

— Pourvu, pensa-t-il, qu’il ne se mette pas avec les bureaucrates.

Les bureaucrates jouaient un rôle bien avilissant. Ils se faisaient les espions des soldats anglais et trahissaient, sans merci, les patriotes. C’était révoltant de les voir à l’œuvre, se faisant les vassaux des Habits-Rouges qui les méprisaient en les voyant agir si bassement. Aussi, les patriotes les regardaient-ils comme leurs plus dangereux ennemis.

Le vent apporta aux oreilles des sentinelles de Saint-Denis un bruit inaccoutumé.

— Le son du cor, dit un patriote en prêtant l’oreille ; voici les troupes.

— Elles sont loin de s’attendre à la réception que nous leur préparons, répondit Duval avec calme.

En effet, les troupes du gouvernement s’avançaient en jouant une marche triomphale.

Aussi, le colonel Gore, commandant-en-chef du bataillon, fut-il étonné quand un bureaucrate du bas de Saint-Denis lui apprit qu’il aurait de la difficulté à l’église, là où il fallait traverser la rivière.

— Ce sera une affaire vite bâclée, dit-il à ses officiers.

Il savait les habitants sans armes et comment feraient-ils face à un bataillon complet ?

Arrivé vis-à-vis l’église de Saint-Denis, on commença