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les mystères de montréal

à croire la rumeur. Plus de pont, le passage, par conséquent, devenait difficile.

Les soldats reprirent leurs rangs, prêts à toute éventualité. Le colonel Gore n’avança plus qu’avec défiance, et divisa ses soldats en trois groupes, qui se suivirent à distance, sur le chemin du Roi.

Duval et les siens se postèrent dans une grosse maison en pierre construite sur le bord du chemin. C’est là qu’ils furent aperçus par les Habits-Rouges. Ceux-ci braquèrent un canon sur ce fort improvisé. Trois artilleurs s’étant avancés successivement pour mettre le feu à la mèche du canon, tombèrent morts les uns après les autres.

Les patriotes se battirent comme des enragés, un contre cinq.

Les Habits-Rouges furent défaits et se replièrent sur Sorel, dans l’après-midi, sans prendre le temps d’emporter leurs morts et leurs blessés ; les premiers au nombre de trente, les seconds au nombre de huit.

Chez les patriotes, seize manquaient à l’appel : douze étaient morts et quatre blessés.

La maison de Duval se transforma en ambulance. Patriotes et bureaucrates, Canadiens-français et Habits-Rouges furent soignés sans distinction de partis.

Ainsi se passa cette journée de combats. Charles Gagnon trouva moyen de montrer à son adversaire sa haine pour lui. Il joua un rôle douteux : il fut difficile de dire au juste s’il n’avait pas soutenu les bureaucrates.

Quant à Paul Turcotte, il combattit vaillamment à côté du notaire Duval.