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CHAPITRE VIII

un nouveau refus.


Un mois s’était écoulé, depuis que le traître de 1837, caché sous le nom d’Hubert de Courval, avait retrouvé au milieu de l’aristocratie montréalaise la personne qu’il aimait si ardemment. Et deux semaines s’étaient écoulées depuis qu’il avait fait disparaître son ancien caissier, qui en savait trop long sur son compte.

Au moment où il désespérait de revoir Jeanne Duval, et où, sous le coup des années, son souvenir s’effaçait de sa mémoire, il la retrouvait plus belle, plus charmante qu’autrefois. Les impasses difficiles, remplies d’inquiétudes, d’épreuves, de misères, par où la jeune fille était passée, avaient jeté à sa figure un cachet de mélancolie qui ajoutait à ses charmes.

À sa vue, les cendres de son ancien amour mal éteint remuèrent dans le cœur du célibataire. Charles Gagnon sentit se réveiller en lui sa passion d’autrefois.

Maintenant que Paul Turcotte était écarté du champ de bataille la lutte devenait plus facile.

Ainsi pensait l’ancien émissaire de Colborne, en gravissant le perron qui donnait accès à la demeure de son ami Braun, qu’il cultivait étrangement depuis quelques semaines.