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les mystères de montréal

— Ne trouvez-vous pas, dit madame Braun, que l’hiver approche et que l’automne, avec ses temps désagréables, nous laisse comme à regret.

— C’est vrai et bientôt il n’y aura plus de traces de l’été. Il a passé bien vite.

— Pourtant nous n’avons pas à nous plaindre, il y en a de moins favorisés que nous.

— Ainsi, madame, dans les pays où j’ai vécu durant ces dernières années, nous avons un été si chaud que celui du Canada nous semblerait un doux printemps, et là, ce que nous appelons l’hiver, n’est qu’une suite de jours humides et pluvieux. Nous n’avons pas cet atmosphère sec et pur des pays du Nord.

Jeanne entrait dans le salon. Elle fit un gracieux salut au banquier et s’assit à côté de sa sœur.

— Nous étions à dire, fit Charles Gagnon alias Hubert de Courval, que l’hiver avance à grands pas.

— Je voudrais toujours être en été, moi, dit Jeanne.

— Vous êtes du goût de plusieurs et je suis de ceux-là.

— Mais vous n’avez pas hâte que la saison des bals s’ouvre ? demanda la jeune fille.

— Les bals m’occupent fort peu, cependant je ne déteste pas ce genre d’amusement.

En effet le banquier sortait rarement dans le monde.

Le rencontrait-on dans un salon, c’était dans celui d’un intime, d’un financier avec qui il spéculait. Alors il faisait fureur avec sa moustache en crocs et ses regards pénétrants jusqu’au font de l’âme. Les jeunes