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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/389

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les mystères de montréal

demeure, pour avoir le plaisir d’échanger quelques mots avec son ami, — qu’il tenait à conserver, à cause de sa puissante fortune — et un peu par convenance.

Tous les jeudis, jours où Charles Gagnon venait veiller avec Jeanne, le représentant de la compagnie Donalson, rentrait de bonne heure.

La veillée se terminait en famille, en faisant de la musique dans le salon, ou une partie de cartes dans le boudoir.

On était dans l’intimité et un sans-gêne agréable présidait à ces petites réunions hebdomadaires, où, chacun, par un bon mot lancé à point, par une plaisanterie faite à propos, entretenait l’entrain et la gaieté.

Braun serra la main à son ami et vit, à sa mine, qu’il avait subi un échec. Il lança à sa belle-sœur une paire d’yeux farouches qui signifiait.

— Attention, ma fille, pas de folies, réparez votre faute s’il est encore temps.

— Je vous ai encore précédé ce soir, fit le banquier de la rue Bonaventure, en souriant forcément.

— Vous avez bien fait et je vous félicite.

La fin de la soirée à laquelle nous assistons fit cependant exception à la règle générale des soirées intimes de Braun. Il manquait quelque chose de cette franche gaieté qui délasse et on voyait sur les visages des sourires forcés.

Après le départ de l’ancien bureaucrate de Saint-Denis, madame Braun s’approchant de sa sœur lui demanda :